samedi 12 avril 2008

Langue

La Guadeloupe étant un département français,le français est la langue officielle, parlée par toute la population. Cependant, il existe également une langue régionale: le créole guadeloupéen, langue ancienne née d'un métissage de français, d'anglais et de langues africaines et de certains mots amérindiens. Quelques exemples de rapprochements souvent ignorés avec l'anglais :
En créole, lorsque l'on dit de quelqu'un qu'il a "biguidi", cela signifie se défiler, perdre ses forces ou son sang-froid. En anglais "to be giddy" peut signifier être étourdi, fébrile, avoir le vertige.
En créole un "tré" désigne le plateau d'une marchande. En anglais "a tray" est un plateau.
En créole "on lo moun" veut dire "beaucoup de monde". En anglais, on dirait "a lot of people" (soit littéralement un lot de personnes, "beaucoup de monde").
Également l'expression "méré lékol" (sécher les cours), vient de "my way" sous-entendu "I go my way" ("Je suis ma route [ailleurs qu'à l'école]").
Le créole était le moyen de communication des Africains déportés durant l'esclavage, les esclaves provenant de différents villages africains ne se comprenaient pas toujours entre eux, et il leur fallait un langage leur permettant de communiquer sans être compris de leurs maîtres. Le créole est ainsi un mélange.

Les autres îles des Antilles ayant subit la même histoire coloniale, un créole y est également parlé, cependant, il existe des variantes. Les créoles des îles francophones (Guadeloupe, Martinique, Haïti) sont les plus proches. Toutefois les habitants des îles anglophones parlent un créole qui parait francisé malgré l'anglais pour langue officielle.
La syntaxe du créole guadeloupéen (comme celui des autres îles de la Caraïbe) ne considère pas le vouvoiement, exprimé par la 2ème personne du singulier en français. Le créole est aussi une langue très imagée, et très philosophique par ses expressions. Le créole est une langue rude du fait qu'elle tire son origine de la souffrance des esclaves, les expressions sont souvent crues, ce qui traduit littéralement en français peut facilement porter à confusion. Pourtant leur utilisation en langue créole ne traduit pas la violence qui lui équivaut en français. Par exemple " an ke limmé di fé si'w" qui mot à mot se traduirait "je vais allumer du feu sur toi" ne signifie pas l'envie du locuteur d'incendier la personne avec laquelle il dialogue, mais plutôt son intention de l'impressionner de par sa prestation, comme quelqu'un dirait "je vais te laminer" ou "je vais te donner un leçon" lorsqu'il est sûr de gagner à une partie de jeu vidéo.

Quelques éléments de phonétique :
Le créole a été écrit pour la toute première fois par un béké guadeloupéen au début du XXème siècle. A l'époque, il l'avait retranscrit phonétiquement à partir de l'orthographe française.
Le retour aux sources de la population guadeloupéene a créé un véritable intérêt pour le créole, des livres de contes et de poésies sont depuis une dizaine d'année édités en créole et en français. Hector Poulet est notamment un pionnier des dictées médiatisées en créole.

Les guadeloupéens qui ont aujourd'hui 50 ans ont connu une période de répression du créole. En effet, le créole était considéré comme une langue rappelant des origines modestes, donc les parents et les instituteurs interdisaient à leurs enfants de s'exprimer en créole. Cela n'empêchait pas aux enfants de s'exprimer en créole entre eux. Il est encore aujourd'hui considéré comme impoli pour un enfant de s'adresser directement en créole à un adulte. Le créole n'a pas pour autant disparu.

Maintenant les jeunes intègrent des mots anglais, notamment provenant de l'anglais jamaïcain au créole. Ainsi les adultes ont parfois du mal à "comprendre" le créole parlé par leurs enfants, comme les parents métropolitains ne saisissent pas toute une conversation en verlan ou en argot des jeunes adolescents.
Certaines personnes âgées qui n'ont pas eu la chance d'être scolarisées très longtemps préfèrent s'exprimer en créole, et de ce fait parlent créole, alors que le reste de la population parle le plus souvent français que créole pour engager une conversation.

Le créole est facilement parlé sur les ondes, entre amis, dans les églises, il s'agit véritablement d'une deuxième langue.

Qu’on se le dise, le créole c’est d’abord du français… à la prononciation très particulière. Les quelques règles, non exhaustives, suivantes vous aideront à comprendre votre interlocuteur ou à vous lancer en créole.

Avec un peu d’effort et la boisson adéquate, tout est possible !
1-Il n’y a pas de r en créole : roi = oi (wa), partir = pati, guitare= gita (guita).
2- Le son « oir » se prononce wè (ouè) : soif = swèf , boire = bwè
3-« eur « se prononce « è » : vous n’irez pas voir le docteur mais le doktè.
4- « U « se prononce « i « : vous porterez donc des linèt
5-« Che » devient « chi » , et votre chemise une chimiz.
6-« Re » se transforme en « ri » et le retar en « rita »
7- La terminaison « quer » se prononce « tché » : un paquet = an patché
8-« gué » = djè : vous pouvez être très » fatidjè ».
9-Les doubles consonnes sont systématiquement amputées : marbre devient mab, un miracle devient un mirak.
10-le son « in » se disent « an » : un chien est « an chyan », un lapin est an lapan.

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